idées reçues sur le bouddhisme statue de bouddha en bois

10 idées reçues sur le Bouddhisme

Il existe beaucoup d’idées reçues et de fausses croyances autour du Bouddhisme. Entre ce que l’on croit quand on ne connaît pas le Bouddhisme, tout ce que l’on peut lire sur Internet, et les différentes interprétations des textes, tout ceci aboutit à des idées toutes faites qui ne reflètent pas du tout la véritable philosophie bouddhiste.

Même si vous ne vous êtes jamais intéressé au bouddhisme, vous avez probablement des idées préconçues à son sujet, véhiculées soit par les médias, soit par des personnes de votre entourage. Et finalement contribuent à répandre des conceptions et des idées reçues sur le bouddhisme qui sont souvent fausses.

10 idées reçues sur le Bouddhisme

Nous allons voir ensemble les 10 erreurs les plus communes sur le Bouddhisme, celles qui reviennent le plus souvent du moins.

Idée reçue N°1 : le Bouddhisme ce n’est pas une religion ?

J’aime beaucoup cette question, notamment parce que lorsque l’on étudie les différentes religions majeures du monde, le bouddhisme y figure au côté du christianisme, de l’hindouisme, du judaïsme et de l’islam. Quand on parle de religion, les gens associent spontanément la religion comme étant la foi en un dieu et qu’un dieu est créateur de l’Univers.

Néanmoins si cette idée était la seule définition de la religion, alors il faudrait en exclure du bouddhisme.

éveil spirituel bouddhisme

En effet d’après le bouddhisme il n’existe pas de Dieu à adorer. Dieu est absent des enseignements bouddhistes parce que l’adoration d’une puissance surnaturelle n’est pas la préoccupation des bouddhistes. On dit souvent que le bouddhiste est par conséquent une excellente religion pour les athées. En tant qu’ancienne athée je ne vous dirais pas le contraire.

De plus, le bouddhisme n’est pas un système de croyances. En fait, il enseigne certains principes fondamentaux, mais il encourage vigoureusement à adopter une attitude qui est complètement à l’opposé de la croyance ou de la foi aveugle.

Dans l’un de ces sermons, le Bouddha a été très clair sur le sujet :

« N’acceptez rien que je dis comme étant vrai simplement parce que c’est moi qui l’ai dit. Au contraire, testez cet enseignement comme si vous étiez un orfèvre testant la qualité de son or. Si, après avoir examiné mes préceptes, vous trouvez qu’ils sont vrais, alors mettez-les en pratique. Mais ne les mettez pas en pratique simplement par respect pour moi. »

Comme vous le voyez, le bouddhisme encourage à toujours rester sceptique quant aux enseignements même s’ils provenaient directement de Bouddha en personne. Il préconise de ne surtout pas accepter tout de manière passive sans pour autant le rejeter complètement non plus.

L’idée c’est de nous servir de notre tête pour voir si elle fait sens avec notre expérience personnelle et celle d’autres personnes. Le dalaï-lama en a fait une conclusion similaire à celle du Bouddha :

 » Si vous trouvez que les enseignements vous conviennent, appliquez-les dans votre vie autant que vous le pouvez. S’ils ne vous conviennent pas, laissez-les. »

Au lieu de placer votre foi aveuglément dans ce qu’on dit des autorités religieuses du passé, le bouddhisme dit qu’il faut nous servir de notre intelligence, de nos facultés mentales, émotionnelles et spirituelles. Ce type de vision a d’ailleurs beaucoup de succès en occident parce qu’elle plaît à nos esprits modernes sceptiques et en recherche de réponses scientifiques.

Dans la finalité, le bouddhisme est à la fois une philosophie et une religion. Parce qu’il possède tout de même un culte, une foi, un ordre spirituel, et qu’il fournit un moyen de trouver la réponse aux questions existentielles comme “Qui suis-je ? “Quel est le sens de la vie ? ” etc.

Idée reçue N°2 : le bouddhisme c’est que pour les Asiatiques

Si le bouddhisme a vu le jour en Inde puis s’est rapidement propagé à toute l’Asie, et bien que chaque forme traditionnelle du bouddhisme soit originaire de l’Asie, le bouddhisme n’est pas réservé qu’aux personnes asiatiques.

Nous avons bien souvent l’image de moines et nonnes bouddhistes qui sont clairement asiatique et c’est cette image donne lieu à cette fausse croyance. Pourtant, le bouddhisme n’appartient à aucun continent, ni nation, ou groupe ethnique en particulier.

Aujourd’hui, des millions de femmes et d’hommes en Europe, en Amérique et partout dans le monde ont adopté le bouddhisme en adaptant ses formes et ses rituels à leurs besoins. On retrouve également un grand nombre d’instructeurs bouddhiste qui sont des Occidentaux.

idées reçues bouddhisme dans le monde infographie 2020

D’ailleurs, le bouddhisme est déjà très répandu aux États-Unis, en France il suscite un intérêt croissant aussi. Statistiquement parlant en France on compte 1 million de Français bouddhistes confirmés et 4 millions d’autres qui se disent proches du bouddhisme. Ce qui en fait la 4e religion majeure en France.

Bien sûr, la part de bouddhistes sur le continent asiatique est bien plus importante, mais cela ne fait pas du Bouddhisme une religion réservée à ces ethnies.

Idée reçue N°3 : Bouddha est un dieu

C’est l’une des idées reçues sur le bouddhisme la plus répandue. Dans la mesure où la plupart des religions sont centrées sur un seul dieu, beaucoup pensent à tort que c’est pareil pour le Bouddhisme.

Néanmoins, Bouddha était un être humain comme tout le monde. Sa pratique lui a permis d’atteindre l’éveil et de se libérer de la souffrance. C’est ainsi qu’il prit la décision de partager ses connaissances et d’aider les autres à les sortir de leurs souffrances.

Il a toujours affirmé n’être qu’un simple humain et que chacun de nous pouvait réaliser l’Éveil comme il l’a fait. Parce que ce potentiel existe en chaque être humain, que l’on nomme la nature de bouddha. Bouddha n’est pas un créateur du monde, ni l’être suprême qui juge nos actes et distribue des récompenses ou punitions.

Il ne joue pas non plus un rôle déterminant dans la destinée de chacun et n’influence pas la façon dont notre vie se déroule. Dans ce sens, Bouddha n’est pas un dieu, car il n’est pas adoré comme le font les autres religions avec leur Dieu.

Cependant, certaines branches du bouddhisme vénèrent des personnifications de qualités spirituelles éternelles (sagesse, compassion) qui transcendent le temps et l’espace. Ils sont appelés Bouddhas et Bodhisattvas et sont des objets de grande dévotion. Ici, l’idée de Dieu à proprement parler n’est donc pas si différente.

Idée reçue N°4 : le Bouddhisme consiste à adorer des idoles

Certaines pratiques du bouddhisme peuvent faire penser à de l’idolâtrie. Notamment parce que chaque temple possède une ou plusieurs statues du Bouddha sur un autel entouré de fleurs, d’encens et d’offrande. On y trouve généralement des fidèles qui se tiennent en respect devant et certains se prosternent même.

moine bouddhiste méditant devant une statue de bouddha thailand

Néanmoins, le Rite de la prosternation et la tenue en respect ont une signification autre chez les bouddhistes. Car la représentation du Bouddha symbolise la nature du bouddha qui réside en nous. Cette nature est pure, emplie de sagesse, de compassion et de qualités transcendantes comme la bonté, le calme, etc. Notez que la signification de ce rite peut également varier d’une branche bouddhiste à une autre.

S’incliner de façon consciente (et non pas comme une sorte de rituel ou d’obligation). C’est rabattre sa fierté, c’est honorer sa propre nature de bouddha. C’est exprimer le désir d’exprimer cette nature et que chaque être puisse en faire de même. Donc, ce n’est en aucun cas de l’idolâtrie.

Idée reçue N°5 : Puisque la vie est la souffrance, les bouddhistes attendent impatiemment la mort

C’est l’une des idées reçues du bouddhisme qui est la plus persistante. Cela revient à dire que pour les bouddhistes s’amuser c’est mal, qui est une autre idée reçue. La vie n’est pas la souffrance, en fait la vie contient de la souffrance. Comprendre la vérité de la souffrance, la cause, la possibilité de cessation et le choix du sentier qui mène à la cessation c’est comprendre sa nature de bouddha et atteindre la paix.

Et par cela, les bouddhistes ne sont pas obnubilés par la mort et la souffrance. Par conséquent, ils s’occupent avant tout d’atteindre le bonheur et la liberté qui ne dépendent d’événement imprévisible de la vie. D’ailleurs comme dans bien des religions, dans le bouddhisme se donner la mort est interdit. Sauf si l’on ne peut y dérober pour sauver la vie de quelqu’un d’autre par exemple (car c’est un acte de bonté).

Idée reçue N°6 : pour les bouddhistes, tout n’est qu’une illusion

Encore une des idées reçues sur le bouddhisme qui est en fait une mauvaise interprétation d’une métaphore bouddhiste à ce sujet et finalement elle est interprétée comme une affirmation. L’erreur est de croire que rien n’existe et que tout ce qui nous entoure n’est qu’une illusion, une création de l’imagination.

Par conséquent, le bouddhisme averti sur cette interprétation extrêmement négative, cette idée fausse est un obstacle au développement spirituel. Car elle pourrait causer des comportements insouciants et une ignorance de la loi de la cause à effet.

Ainsi, cette mauvaise perception donne lieu à plus de souffrance plutôt qu’à la cessation de la souffrance. Il faut plutôt voir l’idée d’éliminer les vues fausses et trompeuses de la réalité comme ceci : les choses sont comme des illusions, mais elles ne sont pas que des illusions.

Si elles semblent exister d’une certaine façon à vos yeux, en réalité elles existent d’une façon différente. Prenez l’exemple de l’illusion d’optique : vous roulez sur une route par temps chaud et observez une flaque d’eau au loin au milieu de la route. En réalité, il n’y a que la route.

Photo illusion d'optique pont de Norvège
Illusion d’optique du pont Storseisundet en Norvège

La nature de la réalité n’est pas un ensemble de choses solides, séparées et matérielles. Parce qu’il existe une relation / une connexion entre chaque chose. Il existe un flux de constant changement. Ces deux éléments font que rien n’est séparé et indépendant comme il semble l’être.

Ces mêmes choses existent vraiment, mais vous ne pouvez pas les voir telles qu’elles sont vraiment parce que votre vision, vos perceptions sont brouillées par de fausses croyances. Ainsi, l’iceberg est une bonne métaphore, car on ne voit qu’une partie infime de glace, pourtant sous l’eau c’est un iceberg géant.

Idée reçue N°7 : les bouddhistes ne croient en rien

Nous avons ici l’une des idées reçues sur le bouddhisme qui est liée à la précédente et qui elle découle également d’une mauvaise interprétation de la vacuité plus généralement traduite par vide. Cependant, vide ne veut pas dire néant. Dans le bouddhisme, la vacuité ne peut pas être séparée de l’apparence relative et superficielle des choses.

Il faut voir cela comme un paradoxe : cette montagne n’est pas réellement une montagne et pourtant elle est les deux à la fois.

En résumé, les bouddhistes ne croient pas en rien, mais en la vacuité et à en faire l’expérience directement. Pour trouver la vérité absolue, chaque bouddhiste doit tester la validité ou non des enseignements par l’expérimentation de celle-ci de façon personnelle.

Idée reçue N°8 : les bouddhistes ne s’intéressent qu’à eux-mêmes

L’introspection silencieuse de soi a en effet une grande importance dans le bouddhisme. Il encourage à diriger son attention à l’intérieur de soi pour apprendre à maîtriser notre esprit indiscipliné.

idées reçues bouddhisme moine qui médite coucher de soleil

En revanche, cela ne veut pas dire que les bouddhistes sont des égoïstes. Car leur principale motivation est d’aider les autres avec compassion. Or pour réussir cela, il faut déjà être en paix avec soi, il faut ne plus être prisonnier de ses émotions et de ses pensées négatives comme :

  • L’ignorance
  • L’avidité
  • La jalousie
  • La colère
  • La peur

Aider les autres de façon positive cela commence par travailler sur soi, son esprit et son cœur par la méditation ou d’autres pratiques. Et peut-être aurez-vous l’envie de partager à votre entourage et à d’autres gens, la sagesse et la compassion que vous êtes en train d’acquérir.

Idée reçue N°9 : les bouddhistes ne sont jamais en colère

Par définition, la médiation bouddhique a pour but de surmonter les obstacles intérieurs comme la colère et les émotions négatives. De ce fait, les bouddhistes ont la réputation d’être calme, d’humeur stable et surtout imperturbable.

Rappelez-vous une chose, lorsque l’on commence le bouddhisme il est très difficile de se débarrasser des mauvaises habitudes de toute une vie ou de plusieurs vies. Il faut plusieurs mois pour commencer à remarquer quelques changements puis plusieurs années voir parfois toute une vie pour parvenir à la maîtrise totale de ses émotions.

Vous serez encore parfois en colère, mais moins souvent et moins longtemps qu’auparavant. À situation égale, vous constaterez que ce qui vous mettait dans une rage folle ne vous affecte plus. Et que cela cultive même votre compréhension, votre amour et votre tolérance. Ainsi, vous pourriez dire que vous progressez vraiment.

Mais attention, éviter les émotions négatives ne veut pas dire qu’il faut se laisser faire passivement. Lorsque les gens font de mauvaises choses, vous devez agir si vous savez que vous pouvez changer les choses de façon pacifique et avec compassion.

Dernier point sur le sujet ne refoulez pas vos émotions. Ne faites pas semblant d’être calme si au fond vous êtes en colère, c’est contre-productif. Commencez par reconnaître que vous êtes en colère puis occupez-vous de la réduire et de la faire disparaître en méditant par exemple. Vous pouvez aussi l’exprimer de façon calme, claire et responsable sans pour autant la laisser vous submerger.

Idée reçue N°10 : les bouddhistes sont fatalistes

Je suis presque sûre que vous avez au moins entendu une fois dans votre vie cette expression « c’est le karma ». En effet,  pour beaucoup le karma c’est quelque chose d’imprévisible, un coup de chance / malchance. Pour d’autre c’est une sorte de destin contre lequel on n’y peut rien.

roue karmique samsara roue de l'existence
Illustration simplifiée de la roue du Karma / roue karmique / roue de l’existence / Samsara

Cependant dans le bouddhisme le karma qui signifie  » action  » est prévisible et dynamique contrairement à ce que l’on croit. Car chaque jour nous effectuons des actions qui auront des résultats karmiques à l’avenir. Et chaque jour vous faites également l’expérience de résultats karmiques de vos actions passées.

Le karma n’est pas une destinée qui vous est attribuée et que vous subissez passivement. En fait le karma varie en fonction : 

  • Des actions que l’on a faites,
  • De nos choix,
  • De la façon dont on parle et dont on pense.

L’illustration la plus parlante du Karma est la suivante : si vous plantez une mauvaise graine et que vous la cultivez, vous récolterez de mauvais fruits. Ce qui veut dire qu’en modifiant notre comportement, on peut réellement améliorer notre qualité de vie.

Pour aller plus loin vous pouvez approfondir vos connaissances sur les idées fausses avec le livre de Bernard Faure professeur d’histoire des religions. Un excellent ouvrage dans lequel il décrypte d’autres idées reçues comme :  « Le Dalaï-lama est le chef spirituel du bouddhisme », « Le bouddhisme est pacifique » et bien d’autres.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.